MURIEL PIASER

Aujourd’hui consultante internationale spécialisée dans la mode, les relations publiques et le développement international, Muriel Piaser est surtout reconnue pour son rôle important dans la création de The Box, une extension du salon Who’s next, ainsi que pour son travail pour le salon professionnel Prêt-à-Porter Paris en tant que Directrice des expositions.

Rencontre avec cette professionnelle passionnée par son métier et l’univers de la mode.

Quel a été ton parcours ?

J’ai été diplômée de l’EFAP en 1994 et j’ai par la suite travaillé dans les relations publiques auprès de grands designers de mode comme Jean-Paul Gaultier, Jean-Charles de Castelbajac, Atsuro Tayama, et encore Torrente Haute Couture. J’ai tenu longtemps dans ce métier-là grâce à l’équilibre et la passion, mais j’ai eu de nouvelles opportunités qui m’ont permis d’exploiter de nouveaux terrains encore inconnus !

En 1998, j’ai rejoint le salon « Who’s Next » comme directrice des ventes où j’ai créé un univers «frais» dédié aux jeunes créateurs. Peu de temps après, je suis devenue directrice des expositions pour le salon Prêt-à-Porter Paris à Paris, mais aussi à Tokyo et New York jusqu’en 2011.

Je me suis lancée ensuite en 2012 dans le consulting avec ma propre plateforme pour offrir mes services à des marques de mode internationales. J’ai pu participer à de nombreux salons de mode parisiens et internationaux.

Pourquoi avoir choisi de te lancer ?

Après avoir travaillé et accumulé de l’expérience pendant 15 ans dans les salons, j’ai décidé de monter ma société afin de mettre à profit mon expertise pour des marques, salons mais aussi des institutions de mode. Je me concentre essentiellement sur des missions de proposition d’achat mais également de coaching de marque. Ma force dans ce métier étant l’international et les relations en B2B (Business to Business).

Dans quel contexte s’est fait le partenariat avec Dubaï Fashion Forward ?

J’ai rencontré au MFP la créatrice Libanaise, Rula Galayini, qui était lauréate à cet évènement. Il se trouve que son conjoint est co-fondateur de Fashion Forward. J’y ai donc fait une conférence en novembre et c’est à ce moment-là qu’on m’a proposé de faire du consulting acheteur pour eux, afin de faire croître leur notoriété à l’international. J’ai d’ailleurs amené six acheteurs internationaux, qui viennent de concepts store ou autre types de points de ventes. Mais j’assiste aussi des créateurs pour les aider à se développer à l’international, un objectif qui, à mon sens, est devenu aujourd’hui essentiel pour une marque.

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*Courtesy of Getty Images

Quelle a été ta vision sur la mode et les créateurs du Moyen Orient ? Comment évalues-tu l’attractivité de cette région ?

Je trouve qu’ils ont une bonne ouverture sur la mode internationale et pas seulement sur leur propre culture. Leurs collections sont bien entendu empreintes de cela, mais elles sont modernisées et contemporaines. Par exemple BEDOUIN que tu vends déjà au sein de ton e-shop est une marque, qui je pense est tout à fait apte à intégrer des réseaux internationaux.

 

Je trouve par ailleurs qu’il y a un beau travail sur les matières utilisées, les coupes mais aussi les prix ! Il y a aussi un marketing assez pointu qui joue en leur faveur. Ce sont des esprits contemporains. Il y a également un joli travail sur les accessoires pour certaines marques qui se défendent très bien. Globalement, je pense que ces créateurs représentent une plateforme importante au Moyen-Orient.

Quels sont les principaux atouts des créateurs de mode de la région ?

Je dirais que leurs principaux atouts sont dans leurs propres codes. Cela leur apporte une véritable valeur ajoutée. Ils amènent aujourd’hui une autre approche dans une mode qui a tendance à être de plus en plus banalisée.  C’est un parti pris que je trouve intéressant dans un contexte économique difficile. Nour Najem, par exemple, utilise l’artisanat local mais revisité pour pouvoir produire. On a besoin actuellement de cet esprit de nouveauté-là.

Comment peuvent-ils selon toi faire leur place sur la scène internationale ?

Je dirais par leurs produits créatifs, tout en respectant la notion des prix qui est essentielle. J’insiste aussi sur la nécessité d’un marketing intelligent. Il est aujourd’hui primordial de travailler sa communication notamment avec les réseaux sociaux et les bloggeurs. Mais il est aussi important de participer à des concours, des évènements qui vont progressivement les faire rayonner à l’international. Alors cela prend du temps certes, mais c’est une approche très importante. Il faut aller au-delà de ce système actuel difficile et réfléchir dans un esprit de « mode intelligente ».

Lesquels connais-tu ? Travailles-tu avec certains d’entre eux ?

Je travaille actuellement avec Rula Galayini, pour ses collections de sacs notamment. Mais aussi avec MADISO, une marque de bijoux. Je ne travaille pas pour le moment avec des marques de prêt-à-porter, même si j’ai  eu un vrai coup de cœur pour la marque Bedouin et Taller Marmo qui ont un grand talent.

On a aussi travaillé récemment via Fashion Forward avec Salta, marque du Kazakhstan au style boho-chic qui va être relayée par plusieurs department store. Le but de Fashion Forward est de faire voyager ces créateurs mais aussi de les promouvoir grâce à l’organisation de conférences très professionnelles qui sont très profitables pour ces créateurs-là.